Daniel MENNECHET est mort
lundi 18 janvier 2016
Daniel MENNECHET est mort
Daniel MENNECHET est mort le dimanche 17 janvier 2016.
Ses funérailles auront lieu le mercredi 27 janvier 2016 à l’Institut médico-légal de Paris, à 10h.
Il sera par la suite inhumé dans un caveau familial en Ardèche.
Il était engagé au Collectif Les Morts de la Rue depuis 2004. Etait également engagé activement auprès des Restaurants du Coeur.
Daniel Mennechet. photo Jean-Luc Bertini pour La Croix
Lors de l’hommage aux Morts de la Rue de 2014 il avait témoigné de sa sortie de rue.
Témoignage de Daniel Mennechet.
« J’ai connu une période de rue un an, en 1998-99, suite à un licenciement qui m’a mis au chômage. Je travaillais chez Citroën. J’avais commencé à Javel puis j’avais été contrôleur à Aulnay-sous-Bois, c’est là que j’ai fait toute ma carrière.
J’ai pas voulu aller aux Assedics parce que ça me gênait de demander quelque chose. J’ai pas voulu non plus que ma famille le sache, j’ai coupé les ponts avec eux, avec mes amis aussi. Je vivais à Villiers-le-Bel à cette période, j’ai fait mon sac, je suis venu à Paris, et je suis resté un an vers la gare du Nord. Je me mettais toujours à part, loin de l’alcool, de la drogue, des sales coups et de la violence. Je restais seul ne pour pas plonger, et parce que j’aimais pas qu’on me pose trop de questions.
Je dormais dans la gare, sur les trottoirs, sur le ciment, sur des cartons. Je dormais de 01h à 04h, puis à 04h je marchais, et vers 05h j’allais aux poubelles du Monoprix. Je mangeais ce que je trouvais, c’est comme ça que j’ai mangé pour la première fois de la purée de concombre, et j’ai été malade parfois, quand la nourriture était avariée.
Un jour j’ai rencontré les Captifs, ils sont venus une fois, et ils m’ont proposé de venir, les voir y’avait l’atelier peinture et la possibilité de refaire ses papiers. J’avais perdu tous mes papiers pendant cette année dans la rue, là j’ai pu refaire ma carte d’identité, j’ai ouvert une domiciliation chez eux, et j’ai fait une demande aux Assedics. Après, quand j’ai touché l’Allocation Spécifique de Solidarité j’ai eu un hôtel, où je suis pas resté longtemps parce que j’avais rencontré une femme qui m’a proposé de venir vivre avec elle. J’ai quitté ma chambre d’hôtel, mais au bout de deux ou trois jours la femme en question et bien elle m’a mis dehors, et je suis retourné dans la rue. A l’époque j’étais déjà bénévole aux Restos du Cœur, je leur en ai parlé, on était en juillet la salle était fermée alors ils m’ont autorisé à dormir dedans, puis je suis allé trouver les Relais du Cœur, ils m’ont trouvé une place à la Péniche le Fleuron deux ou trois semaines, puis à la Péniche du cœur où je suis resté plus d’un mois, et puis à nouveau je suis resté dans la rue.
Je l’ai dit à personne, j’aimais pas parler.
Un jour Cécile du Collectif m’a appelé, j’ai craqué je lui ai dit que j’étais à la rue, elle a appelé le Secours Catholique. Moi je disais rien, ça me gênait. Puis on m’a dit d’aller aux Petits Frères des Pauvres, j’ai fait un entretien, et le vendredi ils m’ont trouvé un hôtel au mois. L’ASS me permettait de payer ma part, et quand j’ai touché ma retraite ils m’ont proposé une résidence.
La rue ça m’a appris à regarder les autres, avant je faisais pas attention. Aujourd’hui je suis bénévole aux Restos du cœur et au Collectif, et je le fais avec plaisir, alors qu’avant quand j’allais travailler c’était souvent à reculons. »
Une double page dans La Croix du 20 juillet 2010 était pour lui une "carte de visite", un moyen de se présenter. Il s’y reconnaissait totalement.
La Croix p1
La Croix p2