Je viens de voir le message que vous avez collé sur un arbre, et je suis très émue de constater que Didier est mort.
Pendant tout l’hiver 2015 je lui ai porté un café chaud chaque matin. Il se cachait derrière les voitures en stationnement et dans un endroit où peu de gens passent. J’ai tenté de le convaincre d’aller à l’association Aurore et de rencontrer une assistante sociale, mais en vain. J’avais eu ces renseignements auprès de Richard que je connais, qui fait la manche dans le métro, et a réussi lui-même à avoir une place dans un foyer près de la place Pereire. J’avais proposé à Didier de l’accompagner à l’association, ou bien de lui garder ses affaires pendant qu’il irait, mais j’ai compris qu’il ne le voulait pas. Je suis allée voir les gens qui font des maraudes à l’église N-D des Batignolles, et ils m’ont dit qu’ils le connaissaient. J’en ai parlé aussi aux éboueurs qui passaient près de lui en balayant la place et qui le connaissaient aussi. Ils étaient de mon avis : il ne voulait surtout pas qu’on l’aide. A ce moment là il avait visiblement trouvé un lieu à l’abri pour dormir, mais je n’ai pas compris où c’était.
En mai 2015 j’ai arrêté de lui apporter du café et j’ai évité de passer par là souvent. J’ai vu, fin 2015, qu’il s’enfonçait dans l’alcool et qu’il descendait la pente. Je me suis dit qu’on ne peut forcer quelqu’un à faire ce qu’il ne veut pas, et qu’on doit lui laisser cette liberté.
Je me dis qu’il n’a pas refusé cette mort, qu’il l’a peut-être même espérée. J’ai été bénévole pendant 7 ans dans une association pour les soins palliatifs et j’ai vu là qu’on peut accepter de mourir, et que ce peut être en paix.
C’est pour nous, ceux qui restent, que c’est difficile, nous restons vivants avec notre tristesse et notre défaite.
Anne-Marie Marcetteau
En réponse à...